Le désengagement en entreprise : causes, signes et solutions efficaces


Classiquement, le désengagement en entreprise désigne le processus par lequel un salarié perd progressivement sa motivation, son implication et son intérêt pour son travail. Ce phénomène, souvent silencieux, peut avoir des conséquences dramatiques sur la performance organisationnelle.


"L’engagement est quelque chose que l’employé choisit d’offrir : il ne peut être exigé comme une obligation contractuelle." (David Rock)

Perspectives sociologiques et neuroscientifiques de l'engagement et du désengagement

 a) influence des systèmes cognitifs rapides et inconscients

 Daniel Kahneman, psychologue et économiste, a montré que les décisions humaines sont largement influencées par des systèmes cognitifs rapides et inconscients.


Il a proposé le biais « erreur des coûts irrécupérables ».


Ce biais amène les personnes à continuer d’investir dans des projets dont les perspectives sont médiocres, parce qu’ils ont déjà consommé des ressources importantes.


Appliqué au monde du travail, cela donne un type d’engagement, l’engagement de continuation.


Les deux autres formes sont l’engagement affectif, et l’engagement normatif.

 b) l'anomie

 Un concept développé par le sociologue Emile Durheim 


 Ce terme désigne la situation résultant de règles sociales incompatibles entre elles ou qui sont inadaptées aux évolutions du marché, de la société, ou sociologiques.

Pour la genZ aujourd'hui, le rôle sociétal d'une entreprise est un facteur d'engagement.

 

Une autre approche se réfère à la consonance organisationnelle. C’est celle que j’utilise pour travailler sur la culture d’entreprise.

 

 

c) La base neuronale de l'engagement


David Rock, spécialiste en neurosciences s’est penché sur la base neuronale de l’engagement.


Il reprend une définition, issue d'un institut de recherche américain, selon lequel l'engagement est:

"Un lien émotionnel fort qu’un employé ressent envers son entreprise, et qui l’incite à fournir un effort discrétionnaire supplémentaire dans son travail." (Conference Board, 2006)


Une autre définition, provenant cette fois d’un institut de recherche britannique, le décrit comme:


"Une combinaison d’engagement envers l’organisation et de partage de ses valeurs, ainsi qu’une volonté d’aider ses collègues – ce que l’on appelle la 'citoyenneté organisationnelle'. Il va au-delà de la satisfaction professionnelle et ne se limite pas à la motivation. L’engagement est quelque chose que l’employé choisit d’offrir : il ne peut être exigé comme une obligation contractuelle." (CIPD, 2008)


Une personne engagée est plus apte à prendre des décisions et à résoudre des problèmes (Conference Board, 2006).



Le principe organisateur du cerveau comme explication de l'engagement

 Le neuroscientifique Evian Gordon, dans l’une des plus grandes méta-analyses de recherches sur le cerveau, propose que le principe organisateur du cerveau est de minimiser le danger et maximiser la récompense (Gordon, 2008).


Dès lors, lorsqu’un individu est en état de récompense plutôt qu’en état de menace, il :


  • dispose de plus de ressources cognitives (Arnsten, 1998),
  • est généralement plus créatif (Friedman et Förster, 2001),
  • résout davantage de problèmes grâce au phénomène d’"insight", essentiel pour la résolution de problèmes complexes (Jung-Beeman et al., 2009),
  • propose plus d’idées et d’actions (Frederickson, 2001),
  • a un champ perceptif plus large (Schmitz, De Rosa et Anderson, 2009).



   Ce qui a été observé :


  • un bon niveau de dopamine dans les réseaux d’attention exécutive et d’autorégulation;
  • une activation du circuit de la récompense, comprenant :
  • Le cortex préfrontal (siège de la planification et du contrôle).
  • Le cortex cingulaire antérieur (ACC) (impliqué dans la gestion des conflits et des émotions).
  • Le striatum (impliqué dans le plaisir et la motivation).
  • une activation modérée du circuit de la menace, ce qui permet de travailler avec sérénité.

"Ils sont là sans être là". Une phrase qui revient souvent chez les managers.  Alors comment savoir si votre entreprise souffre de désengagement ?

5 signes qui montrent que votre entreprise souffre de désengagement

Baisse de performance

Vous avez l'impression que vos employés font le strict minimum et ne prennent plus d'iniatives

Présentéisme

Vos employés ne sont pas pleinement opérationnels sur leur lieu de travail et semblent peu concernés par leurs missions.

Turnover élevé

Un fort taux de démissions indique souvent un manque d'engagement.

Hausse de l'absentéisme

Des arrêts réguliers entraînant une désorganisation des services peuvent indiquer un mal-être au travail.

Des salariés moins communicants

Vous constatez qu'il y a moins de participation en réunion, de prises de parole ou d'échanges entre collègues.

Revendications récurrentes

Les plaintes sur le management, les conditions de travail ou la culture d'entreprise se multiplient.


Le désengagement est un enjeu majeur d'une politique RH


De nombreuses croyances restent encore véhiculées aujourd'hui

01 "Les employés désengagés sont juste des fainéants."

Le désengagement est souvent réactionnel.

Les facteurs amenant au désengagement sont multiples.

Il est préférable d'avoir une approche systémique du manque d'implication des salariés.

02 "Il suffit d'augmenter les salaires."

 

 L'argent est un facteur de motivation extrinsèque, mais l'engagement repose sur des facteurs intrinsèques (sens du travail, reconnaissance, relations).

Tout dépend en réalité de l'activité elle-même. Certaines activités sont peu compatibles avec une dimension intrinsèque de motivation.

03 "Il suffit de créer des espaces collaboratifs"

Ces espaces ne font pas naître l'engagement.

Ils n'améliorent pas forcément la discussion, laquelle peut être vécue comme forcée.

 

Les causes du désengagement sont multiples, et propres à chaque entreprise. Il existe toutefois des facteurs communs au désengagement.

Causes possibles du désengagement

01

Management perçu comme toxique

Un management toxique amène le salarié à un sentiment de dévalorisation. Il crée un véritable mal-être au travail.

02

L'absence de management

Un management absent conduit à des situations d'iniquités.

Le sentiment d'iniquité est un très gros vecteur de désengagement

03

Le manque de reconnaissance

La reconnaissance au travail préserve et améliore l'estime de soi sociale. Celle-ci résulte du contexte social dans lequel une personne progresse.

04

Une charge de travail excessive ou perçue comme telle

L'épuisement physique et mental conduit à une perte de motivation (burn-out)

05

L'ennui

Certaines personnes sont plus sensibles que d'autres à l'ennui.

De manière générale, on considère qu'il faut 20% de nouveauté par an.

06

Le manque de perspectives d'évolution

Certaines personnes sont motivées par le désir de réalisation de soi.

07

Valeurs et culture d'entreprise incohérentes

Les modes opératoires culturels doivent être cohérents avec les valeurs affichées.

08

Dissonance cognitive

Un salarié doit sentir que les valeurs et la culture d'entreprise lui correspondent.

09

Absence de perception de la finalité et non responsabilisation

Le salarié doit percevoir que ses missions sont utiles et s'inscrivent dans la vision de l'entreprise.

Il doit se sentir libre de laisser son empreinte dans sa manière de faire.

10

Dissonance cognitive

Un salarié doit sentir que les valeurs et la culture d'entreprise lui correspondent.

Le désengagement chez Google

En 2012, Google lance le projet Aristote, pour mieux comprendre le secret des équipes efficaces.

L'idée était d'observer comment se vérifier les propos du philosophe Grec: "le tout est plus grand que la somme des parties".


L'étude a porté sur 180 équipes.


Elle n'a pas démontré de facteurs liés aux données démographiques mais a relevé cinq facteurs communs à la performance d'une équipe :

  • la sécurité psychologique;
  • la dépendance;
  • la clarté des rôles;
  • le sens donné à l'activité;
  • la contribution ou impact.



Les premières pistes simples de réflexion pour réengager les salariés

Améliorer la reconnaissance et le feedback


Privilégiez un simple "merci" à un silence.

Ne foncez pas tête baissée dans le feedback "constructif": celui-ci, mal approprié à la personne, a des conditions délétères.

Chacun doit pouvoir être valorisé dans sa différence.

Favoriser l'autonomie et la flexibilité


 Donner du pouvoir dans la manière de faire, dans l'organisation de ses missions, à défaut de pouvoir donner du pouvoir dans la décision augmente l'engagement.

 

Introduire le sens dans vos pratiques managériales


Encouragez une culture du sens : expliquer comment chaque employé contribue à la mission globale.

Faites en sorte que chaque employé puisse trouver des liens de cause à effet entre ses activités et la manière dont il souhaite incarner ses valeurs.


Inviter les managers à se rendre disponibles et à faire preuve de clarté


  Un bon leader engage plus qu'un bon système de primes.

 Les rôles de chacun doivent être clairement définis, ainsi que les attentes et les objectifs.

Offrez de vraies perspectives d'évolution


Aujourd'hui les employés changent facilement d'entreprise, lorsque celle-ci ne leur offre pas d'opportunités de carrière.

Créez des opportunités de formation et d'évolution.

L'ennui s'installe dans la routine ?


  Des missions bien maîtrisées peuvent être l'occasion de devenir le mentor d'un autre salarié.

 

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